mercredi 22 décembre 2010

Fraîche taïga

Après cette escapade musicale, je suis parti dans la taïga avec un bucheron. Il faisait frisquet le matin de notre départ, mais cela ne fait pas peur aux Altaïens!



Voici donc comment on s’y prend en Sibérie pour faire démarrer un camion un jour de "moroz" (glacé-surglacé, en clair, moins de -30°C). La réalité dépasse le mythe !



Nous avons ainsi passé 10 jours dans la forêt à débiter des troncs en petites planches. Bien entendu, je me suis essayé, non pas à la tronçonneuse, ma seule tentative ayant abouti à la rupture de la chaîne, mais à la langue altaïenne. Il en ressort que des progrès certains sont à faire dans les deux disciplines ! Mais la motivation est là !
Nous logions dans une petite isba chauffée par un petit poële que chaque soir nous faisions rougir pour la nuit.



Isolés à une quinzaine de kilomètres de toute habitation, nous n’avions pour seule compagnie la journée, que les oiseaux et la tronçonneuse. Une fois la nuit venue, le pesant silence retombait sur la forêt et ne laissait place ponctuellement qu’au lointain hululement du loup (ça fait frémir, non ?). De fait, quinze kilomètres, ça ne paraît pas beaucoup, mais avec des températures constamment inférieures à -10°C, de la neige profonde, des loups et des ours alentours, il est tout de même préférable de se déplacer en engin à moteur. Enfin, je veux dire qu’il est préférable que ledit engin fonctionne !
Étant donné que nous étions obligés de nous arrêter toutes les 15 minutes pour remettre de l'eau dans le radiateur percé, qu'il fallait avoir prévu une pente pour repartir sous peine de devoir donner de la manivelle (franchement pas simple, et il est certain que mes biceps ont pris de l'ampleur), qu'il fallait parfois dégonfler les pneus pour franchir un col (pneus qui, pour la plupart heureusement, se regonflaient automatiquement. Il fallait alors faire preuve d'une certaine clairvoyance pour choisir quels pneus dégonfler !), le doute planait quant à la possibilité d'une nuit à la fraîche ! Et si nous transportions à l'arrière du camion moults seaux et baquets pour faire fondre de la neige en cas d'arrêt prolongé, nous préférions tout de même aller briser la glace d'une rivière pour chercher de l'eau.

Voici donc le fier camion de l’armée recyclé grâce auquel cet improbable périple a été possible...



Et voici de quoi on a l’air quand il fait -30°C…

On ne badine pas avec l’épopée

Il y a de cela un mois, je partais pour Iabogan, petit village du district de-Oust-Kan, dans lequel se déroulait une rencontre autour de l’épopée de Maadaï-Kara. Dans ce village vivait l’un des derniers grands kaïtchi, Alekseï Grigorievitch Kalkin, auprès duquel cette épopée avait été maintes fois enregistrée à l’époque soviétique. Notons au passage que ce texte contient plus de 7000 vers et que toutes les versions recueillies (en plusieurs jours) auprès du conteur sont pratiquement identiques l’une à l’autre !
Après une matinée passée à discuter de l’héritage de ce grand homme, un concours était organisé entre les jeunes héritiers de cette tradition de récitation épique. En Altaï, ainsi que dans de nombreuses régions du monde où cette tradition est encore d’actualité (Mongolie, Kirghizistan…), on ne chante pas un extrait d’épopée impunément : le texte est censé appeler les esprits, les faire intervenir pour une bonne raison, car on ne les appelle pas impunément. En outre, de nombreuses règles sont à respecter sous peine de sanction de ces mêmes entités, ce qui ne facilite pas la tâche du conteur.
Mais la plus impressionnante de ces règles, la plus accessible également à celui qui ne maîtrise pas la langue, car elle saute aux oreilles, est l’emploi du chant de gorge. Je suppose que vous avez déjà entendu parler de ce type de chant, et si ce n’est pas le cas, je vous invite à écouter sur internet un extrait par Alekseï Kalkin :
http://altayim.narod.ru/Khai.mp3

Cette technique, dont l’apprentissage requiert de nombreuses années, est interdite aux femmes (je ne développerai pas ce point, mais entrent en ligne de compte une certaine misogynie, des croyances liées à la fertilité…). Elle est déconseillée aux enfants, et aux adolescents avant la mue de leur voix. Toutefois, j’ai pu lors de cette rencontre, observer et apprécier l’impressionnant talent de très jeunes enfants : âgés de moins de 10 ans, ils possèdent une voix profonde et rugueuse prometteuse. Je ne parle pas non plus de la manière dont ils sont capables de réciter une centaine de vers de l’épopée !
L’épopée obéissait autrefois à un système de transmission patrilinéaire, c’est-à-dire que devenait à son tour chanteur épique le fils ou le petit-fils du conteur. Les textes étaient appris par l’enfant lors des séances de récitation, mais il était également possible pour les conteurs « à maître », que l’esprit qui sanctionne ce type de pratique les lui transmette en rêve. Aujourd’hui, tout cela aurait changé…

vendredi 12 novembre 2010

Pas loin de la frontière...

Koch-Agach
Situé en pleine zone frontalière, ce chef-lieu de district (l'équivalent du département en France) est le seul endroit qui me soit accessible sans laissez-passer.



Au beau milieu d'une steppe à 1600 mètres d'altitude, il fait soleil quasiment toute l'année. Les montagnes au loin sont couvertes de neiges éternelles. Le blanc de la neige, le bleu du ciel et le jaune des herbes sèches se marient plutôt élégamment pendant la journée, à la faveur d'un silence pesant. La nuit n'est pas plus bruyante, mais le ciel est tellement noir qu'on a l'impression de pouvoir toucher les étoiles...




C'est aussi dans cette steppe que les Kazakhs émigrés en Altaï élèvent chameaux et yacks.

Matin frisquet et patte de loup



Oh, il ne fait que -17°C à Oulagan...Et on ne va pas se plaindre, il fait un temps magnifique à 7h du matin !



Ma première empreinte de loup ! Il n'est pas passé loin, alors que nous cueillions des argousiers gelés !

En route pour Oulagan

Sur la route pour Oulagan, nous croisons la rivière Katoun'. Elle a déjà bien serpenté entre les montagnes, depuis sa source sur les flancs du massif du Mont Béloukha. Rejoignant quelques centaines de kilomètres plus loin la rivière Bya, elle deviendra l'Ob', l'un des grands fleuves sibériens.



Ak-Bom, la falaise blanche. Un bon projet en libre...avis aux amateurs !

Nijniaia-Talda


Vue du village cet été. Je n'ai pas pris de photos du village lors de mon passage le mois dernier à l'occasion du mariage. Mais en deux photos, il est possible de deviner que nous nous trouvons au cœur d'une charmante vallée, avec au fond une sympathique et fraîche rivière. Bon nombre d'habitants usent de l'eau de la rivière comme eau de boisson.
La plupart des villages de l'Altaï sont situés à proximité d'un cours d'eau ou d'une source, et bien que l'on rencontre parfois une borne au détour d'une maison, la principale source d'alimentation reste la rivière. Même si l'eau en paraît propre, la fâcheuse habitude en Russie de déposer ses ordures un peu partout, ainsi que la présence de bétail en amont du village laissent planer un doute quant à son innocuité.

lundi 8 novembre 2010

La vie de village en village

Bien que les dernières semaines fussent riches en aventures, l'inspiration pour l’écriture n'est pas au mieux de sa forme. Je vais tout de même tenter de vous narrer les événements survenus au cours de mon escapade dans les villages éloignés.
Tout d'abord, où me trouvais-je ?
Je suis parti pour assister à un mariage dans le village de Nijniaia-Talda, situé un petit peu avant le village d’Ongoudaï, le long de la M52, la route qui traverse l’Altaï en direction de la Mongolie (mais tout ça, vous le savez déjà bien entendu !). J’ai donc été invité aux festivités, et comme « il n’y a pas dans la vie des Altaïens de cérémonie plus importante que celle du mariage », j’ai bien sûr été très content !
Le mariage a duré deux jours : le premier chez les parents du futur époux, le second chez les parents de la mariée.
La veille du premier jour, j’ai assisté à l’abattage et au découpage d’un mouton, ai participé à la confection et à la cuisson de divers saucissons, de quartiers de viande de cheval et de mouton (je suis malheureusement arrivé trop tard pour assister à la mise à mort de l’animal, Je sais, c’est un peu bizarre d’écrire ça, mais étant donné que personne ne fait rien au hasard au cours d’une telle journée, c’est important du point de vue ethnographique !).
Le déroulement du premier jour est somme toute assez classique et peut ressembler à un mariage comme on en voit chez nous : passage à la mairie, puis retour chez les parents du marié pour festoyer dans le jardin où l’on a monté tables et bancs. Quelques moments sont toutefois très importants dans la cérémonie, comme la recherche, la coupe et l’installation de deux jeunes bouleaux à l’entrée de la maison, la réunion des femmes (donc des personnes extérieures au clan, des alliées) qui s’en vont chercher à pied et en chantant la jeune mariée chez le frère de la mère du marié où elle a été habillée, parfumée, coiffée (la coiffure joue un rôle très important dans la tradition et cet instant ou la coiffure de la mariée change est porteur d’une grande signification), le moment où les parents (au sens le plus large du terme) du côté du marié ceinturent les parents (idem) du côté de la mariée d’un bout de tissu. Ces ceintures symbolisent l’alliance, peut-être est-ce également en lien avec l’idée de réplétion (avoir le ventre plein est très important dans la culture altaïenne également et de nombreux proverbes y font référence). J’ai donc eu droit, en tant qu’hôte, à un long morceau de tissu, symbolisant mon entrée dans la famille, et dont je vais pouvoir faire ce que je veux, par exemple un manteau, ou autre, selon les conseils de la mère du marié.
Le lendemain se déroule la cérémonie du « Bilguintchek ». Ce mot désigne les hanches chez la jument, chez la brebis. C’est donc avec cette partie de l’animal que nous sommes partis chez les parents de la mariée. Ce jour-ci, plus rien de commun avec ce que nous avons l’habitude de voir en France : les rôles de chacun sont importants, les mots échangés sont lourds de significations, les gestes sont mesurés, précis, nous sommes là pour « acheter » la mariée et son trousseau. Il serait trop long de rentrer dans les détails, mais je peux dire que c’est un beau moment rempli d’émotion : quand nous entrons dans la maison, les frères de la mère du marié vont offrir du lait, puis de l’alcool de lait aux femmes des hommes du côté de la mariée (donc les alliées). Puis ils découpent des morceaux de viande de cette fameuse partie et les leur offrent. Pendant ce temps, les femmes (sœurs et femmes des hommes du côté du marié) chantent dans le couloir. Un moment vraiment très fort !
Puis comme la veille, nous nous dirigeons vers les tables situées dans le jardin où l’on nous servira à manger. Comme la veille, on nous ceinture la taille d’un morceau de tissu. Puis nous passons à l’achat du trousseau. Pour cela, les hommes et les femmes du côté du marié doivent chanter, danser, jouer des rôles à la demande de la famille de la mariée. Un bon moment de rigolade, qui ne peut malheureusement pas durer, du fait de la quantité de meubles et objets, et de la quantité de jour disponible ! C’est l’automne, le camion est donc chargé en vitesse, mais non sans plaisir !
Après cette escapade au centre de la République, je suis parti plus loin en direction de la Mongolie, à Oulagan (je ne suis pas sûr, mais c’est à peu près à 1100m d’altitude). Mon contact : un chanteur d’épopée. Son frère m’avait proposé de venir les aider à construire une maison dans la forêt, tout en vivant des produits de la chasse. Pas de problème ! Je suis donc arrivé chez ce chanteur, mais point de taïga : le tracteur est en panne, la voiture tourne sur deux pattes…heureusement, le travail avec le bétail ne manque pas !
C’est donc parti pour 10 jours de travail consistant à rechercher chaque matin le troupeau qui s’éparpille pendant la nuit, à compter le nombre de têtes (les voleurs sévissent !), à guider les vaches en direction de la « stayanka » (l’étable), à réparer et à nettoyer ce lieu…
Toutefois, on ne se presse pas, et si nous nous levons tôt, c’est uniquement pour profiter de la fraîcheur du jour (-17° !) et pour nous coucher tôt. Mon chanteur me réveille tous les matins au son de son instrument, chante au petit-déjeuner, me pousse à me casser la voix lorsque nous sommes en voiture et le soir, je fabrique mon instrument selon ses conseils.
Parallèlement, j’ai profité de mon passage dans ce chef-lieu de district pour participer au recensement de la population, d’une très grande importance pour ma recherche, du point de vue du sentiment national. J’ai également été recensé !
Puis je suis parti quelques jours au bout de la route, à Koch-Agach, village situé dans une steppe à 1700 mètres d’altitude. Une cinquantaine de kilomètres plus loin se trouve la frontière mongole. Pas question de m’en approcher, zone frontalière, et si je me fait attraper sans laissez-passer (dont j’ai fait la demande mais dont l’établissement nécessite deux mois), je suis expulsé de Russie manu-militari. J’ai pu observer, lors de ma requête, qu’il valait mieux ne pas plaisanter avec les services aux frontières…
En tous cas, ici, le paysage est superbe : c’est l’endroit le plus ensoleillé de Sibérie, même si les températures hivernales descendent jusqu’à -60°C. C’est tout plat, tout jaune d’herbes sèches, et c’est entouré à 360° de sommets blancs culminant entre 3000 et 4000m. Le ciel est d’un bleu pur, l’air que l’on respire ne l’est pas moins, et la nuit, on peut (presque) toucher les étoiles ! Quel sentiment de petitesse dans cette immensité !
Au bazar, où je suis allé acheter des vêtements pour le froid (au passage, je m’habille en doudoune treillis maintenant, alors on n’est plus là pour rigoler !), j’ai vu mes premières plaques d’immatriculation mongoles et j’ai été invité à passer la frontière avec ces « taxis ». J’ai passé là-bas quelques jours au cours desquels mes investigations n’ont pas donné les résultats escomptés, mais j’ai noué des contacts et même pu aider un français à passer clandestinement la frontière.
Non, ne blêmissez pas, je plaisante, il était simplement en retard avec son visa, on a essayé de résoudre le problème, j’espère que tout va bien pour lui aujourd’hui en Mongolie. Koch-Agach s’attend donc à mon retour.
Rentré mardi soir à Gorno-Altaïsk, après une nuit à Oulagan et une nuit chez ma « famille » à Ongoudaï, je suis reparti derechef mercredi matin pour 5 jours de trek avec le « club de tourisme » de l’Université. Je rentre à l’instant, je vous en donne les détails très prochainement.

mercredi 13 octobre 2010

Le lac Télétskoie



Artybach, un village moyen, quelques autres plus petits le long des berges, sinon, rien ! Une route qui mène au lac, pas plus loin...

le paradoxe de l'ours

Après un mois d'absence, me voici enfin de retour avec des nouvelles.
Plus très fraîches du coup, mais j'ai été pris d'une flemmingite aigüe...
Oups, peut-être est-ce quelque chose à cacher sur un site dédié au grand public...
Mille excuses à tous mes fidèles lecteurs désormais dépassionnés. Mais étant sur le départ pour la forêt, il devenait urgent de transmettre quelques informations.
Si la contribution a été moindre, c'est que je vis depuis mon retour d'Irkoutsk dans la ville, et qu'il ne s'y passe pas grand chose d'intéressant, mis à part mes escapades à la recherche des musiciens (infructueuses bien évidemment ! ).
Donc suite à une virée sur les bords du lac Télétskoie (pour ceux qui ne savent pas où cela se trouve, regardez la carte présentée quelques semaines plus tôt) en galante compagnie (pour faire jaser), je transmets une petite réflexion née dans mon cerveau peu fonctionnel.
Après une promenade en bateau sur le lac, nous sommes partis en forêt, malgré les avertissements de notre hôte. Nous y avons fait connaissance avec Larissa, une babouchka sympathique qui ramassait des cônes de cèdre. Elle partait chercher ses vaches perdues. Nous l’avons accompagnée à travers la forêt jusqu’à la tombée de la nuit mais malheureusement, nos recherches ont restées infructueuses. Larissa craignait que quelqu’un lui ait volé ses vaches. Ce cas n’est pas rare, le commerce de viande est en effet en Sibérie du sud une activité lucrative, les bêtes sont parfois abattues et découpées sur place et la viande vendue à plusieurs centaines de kilomètres (sur ce sujet, il existe un très bon article de Charles Stépanoff). Mais c’est au cours de cette balade que le paradoxe de l’ours a pointé le bout de son nez.
S’il est quelque chose dont les habitants des villages aiment parler, c’est bien de ce monde naturel et sauvage qui les entoure. Il devient de fait fascinant d’entendre à quel point l’ours est un sujet de conversation récurrent. Ainsi, il nous est constamment recommandé de ne pas nous éloigner en forêt, n’étant pas « mestnye », du coin, nous pourrions nous perdre, les montagnes se ressemblant toutes. Mais surtout, les ours peuvent être à l’affut à l’orée du bois et nous dévorer…La rencontre avec l’animal est également un sujet récurrent des histoires de chasse. La peur entretenue face au plantigrade est telle que l’on évite de prononcer son nom. On en parle souvent par métaphore.
Mais là où cela devient intéressant, c’est qu’au cours de la promenade en forêt, passablement loin du village et à la nuit tombée, nous avons rencontré une femme seule partie chercher des baies, puis deux femmes également sur le chemin du retour. Nous ne sommes donc jamais très seuls en forêt, contrairement à ce que l’on pourrait croire. Les régions avoisinant les villages sont un espace nécessaire à la vie des gens : s’y trouvent les champs où paissent les animaux, les lieux de coupe forestière, les étangs où poussent les baies…et bien entendu les animaux que l’on chasse. La peur de l’ours serait-elle donc présente uniquement dans le discours aux étrangers ?
Je ne pense pas. C'est une frayeur justifiée, mais dont chacun fait fi car la forêt est l'espace nourricier de base. Et chacun trouve un juste mot pour reconnaître le danger : "je suis vieille, j'ai fait mon temps, l'ours peut me prendre..."
Si le chasseur tire sur l'ours, le rate ou ne fait que le blesser, il doit s'attendre à ce que la bête attende son heure pour se venger, tapie à l'affut près du village, observant son ancien ennemi, future victime.
Ainsi en Altaï, on prend mesure du danger qu'il y a à côtoyer un espace sauvage, mais on ne peut faire autrement que d'y être quotidiennement plongé. Le risque est inhérent à la vie, le paradoxe de l'ours ne naît que dans l'imagination de ceux qui pensent naïvement le village et la forêt comme deux entités sans aucun lien l'une avec l'autre. Raté !

samedi 11 septembre 2010

comment j ai eu des ampoules plein les mains

dans ce paysage bien joli


j'ai fait de jolies meules
il y a des falaises !


des photos en vrac


une route sans fin dans une steppe sans nom


voila ou je me trouve...

dimanche 5 septembre 2010

Plongeon dans le lac Baikal

Les nouvelles se sont faites rares ces dernieres semaines, les deplacements en train prenant de l energie et beaucoup de temps.
Mais enfin, me voila deretour dans la civilisation.
Rapidement, puisque je vadrouille toujours d internet cafe en internet cafe (d ou egalement l absence d accents et de photos...), voici les evenements survenus au cours de ces deux semaines.
Je suis donc parti de Gorno-Altaisk pour Novossibirsk, puis pour Irkoutsk ou devait se derouler l "ecole du Baikal", rencontre de sociologues de Russie autour du theme de l'espace urbain.
Cette rencontre avait lieu sur l ile d'Olkhon, situee au milieu du lac Baikal et haut-lieu du chamanisme bouriate.
Le temps etait au beau fixe toute la semaine, et nous avons ainsi pu profiter au maximum, lors de nos courts moments de libres, d'un paysage enchanteur.
Toutefois, 4 jours de voyage auront eu raison de ma sante et ce que je prenais pour un mechant rhume m a litteralement coupe du monde : les oreilles et le nez bouches tout le sejour. Ma mere va me tuer si elle lit ceci, mais le plongeon dans le lac Baikal etant trop tentant, je me suis quand meme glisse quelques secondes dans l eau le dernier jour.
Cela explique peut etre que le retour a Irkoutsk ne m ait pas gueri, mais je me suis tout de meme decide a consulter un medecin.
Bon, j ai juste une otite et pharyngite, et un kyste derriere l oreille qui a decide de se reveiller. Un beau "bouket" comme disent les Russes.
Je reviens d'ailleurs de l hopital (russe) ou je me suis fait ablationner le bout de graisse (apres tant de voyages dans ce pays magique, il fallait bien un jour decouvrir la magie de ses hopitaux, et...il faut bien mourir de quelque chose...).
Me voici donc a moitie rabiboche, et j attends le depart du train mardi matin entre deux gelules et compresses.
Pour une fois que je tombe malade, il fallait bien que cela se passe le plus loin possible du doux cocon francais et que cela soit serieux, non mais !
Affaire a suivre donc, on verra si je suis capable de changer moi-meme mes pansements...

vendredi 20 août 2010

En vadrouille

Une semaine après mon départ de la capitale, me voici de retour face à l'écran pour donner quelques nouvelles.
Les distances sont grandes en Russie, et l'Altaï n'échappe pas à la règle. Je n'ai visité que deux villages, mais ai tout de même parcouru pas loin de mille kilomètres, entre l'aller, le retour, les allers-retours...Et comme tout Altaïen qui se respecte, j'ai fait tout cela en bus, en taxi collectif, en stop, et surtout, très souvent à pied.
Mais lorsque le temps est au beau fixe, que le paysage est admirable et que l'on a la possibilité de l'admirer, il est bon de se mettre à vagabonder au rythme local.
Entre tous ces déplacements, dont je donnerai le détail ultérieurement, j'ai passé plusieurs jours chez une famille, et ai travaillé aux champs avec eux. Me voici donc devenu expert en fauchage (à la faux s'il-vous-plaît), ramassage (au rateau bien sûr), et entassage de l'herbe sèche en jolis petits tas.
J'ai eu également l'occasion, entre deux rencontres avec des musiciens, des chamanes et autres "extrasensis", de construire un mur de brique pour réparer le poêle de la datcha familiale.
Bref, mes mains n'étaient pas de trop et mon aide fut bienvenue.
Et puis ce fut aussi un premier stage d'immersion dans la langue locale. C'est bon, l'altaïen ne m'est plus complètement étranger !
L'expérience est donc à prolonger et apparemment, je ne manquerais pas de travail !

Dernier petit mot au sujet des photos, un peu de patience, ça va arriver !

jeudi 12 août 2010

Gorno-Altaïsk

Arrivé dimanche matin dans la "petite" ville, j'avoue avoir de la peine à retrouver mes marques.
Beaucoup de choses ont changé ici depuis trois ans.
Peut-être que ce sentiment n'est dû qu'à l'été, à la nature environnante luxuriante, à l'enthousiasme (!) dont semblent faire preuve russes et altaïens (la vie est plus simple quand il fait beau et chaud...), ou bien encore à la présence remarquable de ces touristes venus faire de l'alpinisme, du cyclo-tourisme, que sais-je...
En tous cas, la vie ici paraît avoir changé en bien. Le tourisme rapporte de l'argent, et c'est visible. Les magasins sont florissants, il est possible d'y trouver tout ce que l'on cherche, de la fourniture en électro-ménager dernier cri aux pasta italiennes, en passant par le matériel de montagne...Tout, tout, tout vous trouverez tout ici !
C'est d'ailleurs un peu déstabilisant. Moi qui pensait arriver au bout du bout du monde, perdu dans un univers de forêts sans fond, entouré de montagnes sauvages peuplées d'ours, de cerfs, et de panthères, et de et de... !)
Un peu de sérieux. Nous sommes en Russie ici, qui plus est la Russie touristique. On vient de partout pour profiter des bienfaits de l'air de l'Altaï. La marche à pied connaît un succès grandissant, les VTTistes chargent leurs vélos dans les trains dès Moscou, preuve en est que dès notre montée dans le train les gens nous demandaient : vous êtes étrangers? Vous allez dans l'Altaï?
Destination incontournable !
Bref, depuis l'éloignement politique des pays d'Asie Centrale, la région est devenue le terrain de jeu privilégié des amateurs de montagnes en Russie : le Caucase autrefois favori recèle aujourd'hui des pièges bien plus dangereux que les ours, et le Kamtchatka est bien trop loin. Ici, trois jours de train suffisent ou, pour à peine plus cher, quelques heures d'avion...
Décidément, il va falloir faire vite avant que tout ne prenne fin, avant que toute la société ne soit définitvement "pourrie", que les tourbaza (bases touristiques) n'envahissent chaque recoin paradisiaque et que l'hébergement ne se monnaie au tarifs de Moscou...

mercredi 4 août 2010

Москва........Сибирь, c'est parti !

Ça y est !
Ils se sont fait attendre, ils ne sont d'ailleurs pas tous là, mais la plupart des sésames qui m'ouvrent les portes de l'immensité sibérienne sont en ma possession.
Il s'en est fallu d'un cheveu, ou plutôt de quatre photographies pour que je passe une semaine de plus à Moscou. Je m'explique :
Dimanche soir, j'achète mon billet de train pour Novossibirsk, départ prévu le mercredi soir. Je pensais qu'une semaine après avoir déposé mon passeport à l'ambassade, tous les documents seraient remplis (à savoir un nouveau visa, d'un an celui-ci, l'enregistrement à Moscou et une carte de collaborateur d'ambassade). Lundi matin, l'horreur ultime (!), il me fallait des photos, on a oublié de me le dire, toute la procédure est donc à lancer depuis le début, et il me faut à nouveau patienter une semaine...
Ça ne m'arrange guère, puisque si je dois à nouveau retarder mon départ, je ne vais pouvoir rester en Altaï qu'une semaine avant de devoir partir au Lac Baïkal (je participe à l'école d'été du Centre de recherches franco-russe, du 26 août au 5 septembre, sur l'île d'Olkhon). Vous suivez toujours ?

Nous décidons de ne faire que l'enregistrement et la carte spéciale, histoire que je parte pas sans rien en Altaï, puis de voir pour le visa...
Aujourd'hui mercredi, j'ai reçu ma carte, je suis enregistré, mais je n'ai toujours qu'un visa de trois mois. Il faut donc que mon passeport revienne à Moscou au moins pour trois jours d'ici le 5 octobre, afin que l'on me change ce fichu visa...
Reste à savoir si je vais devoir accompagner ma pièce d'identité...

Ahhh, les plaisirs de l'administration sont décidément partout les mêmes !

samedi 31 juillet 2010

Le métro



Et bien oui, je suis toujours à Moscou. J'espère que lundi les documents seront en ordre et que je pourrai me glisser dans un train pour la Sibérie. En attendant, je travaille dans les bibliothèques, et je prends des photos de Moscou (il faut bien s'entraîner un peu, et j'avoue que ce n'est pas si facile d'en faire de belles. Mon talent laisse à désirer. Pas grave, l'important est que vous ayez une petite idée du monde dans lequel je gravite en ce moment).
Donc, le métro...

D'un peu plus près...


Voici une carte de la République d'Altaï en français (dénichée autrefois sur le site http://www.epbroye.ch/mediawiki/index.php/La_R%C3%A9publique_de_l%27Alta%C3%AF, mais elle semble ne plus y exister aujourd'hui).
Il est possible d'y découvrir la situation de la capitale Gorno-Altaïsk, complètement au nord-ouest ainsi que les principaux centres démographiques.
Je me suis déjà rendu à Oust-Oulagan (à l'est), à Ongudaï (au centre) et à Oust-Kan (à l'ouest). Je vais tenter de renouer contact avec les personnes que j'ai rencontrées dans ces villages il y a deux ans.
Je vais également essayer d'aller faire connaissance avec les gens d'Artybach (à côté du lac Telets), et avec les hautes montagnes qui sont situées un peu plus à l'est de Oust-Koksa (au sud).
On voit sur cette carte la route principale qui traverse la région et qui arrive en Mongolie (notée Trakt). Celle-ci est goudronnée car il y circule de nombreux camions. Il existe aussi d'autres routes, mais elles ne sont pas en aussi bon état. Les chauffeurs de taxi qui assurent la liaison entre les villages et la capitale doivent donc avoir des qualités certaines de pilotes du Dakar pour ne pas s'embourber...

mercredi 28 juillet 2010

Où est-ce l'Altaï ?


Je poste (enfin !) une carte (tirée de wikipédia) qui propose une vue d'ensemble de la Sibérie et situe précisément la République d'Altaï.
On voit donc cette région bordée au Nord-Ouest par le Territoire Autonome de l'Altaï (Алтайский Край), au Nord par l'Oblast de Kémérovo (Кемеровская Область), au Nord-Est par la Khakassie (Республика Хакасия), à l'Est par la République de Touva (Республика Тыва), au Sud-Est par la Mongolie, au Sud par la Chine, et enfin au Sud-Ouest par le Kazakhstan. Région de confluences et d'influences ?

dimanche 25 juillet 2010

...à Moscou...


Arrivé vendredi après-midi dans la capitale russe écrasée sous une chaleur torride (38°!), je tente de retrouver mes marques en transportant mes 30 kilos de bagages à travers les méandres du métro.
Rapidement l'ambiance redevient familière, mon russe me revient en mémoire sans trop de difficultés (mais non sans les fautes...) et je parviens à déposer mon année de vêtements chez des amis. Ça y est, je suis prêt pour arpenter la ville !
Je dois passer une semaine à Moscou, il me faut attendre que l'Ambassade de France me délivre un visa d'un an au lieu de mon actuel limité à trois mois. C'est très bien, je vais pouvoir en profiter pour arpenter les bibliothèques et redécouvrir les lieux que j'appréciais il y a 6 ans.
L'été transforme Moscou et je constate à quel point cette ville est verdoyante : il y a des arbres partout ! C'est sans mesure avec Saint-Pétersbourg, qui me paraît d'un coup, malgré sa beauté architecturale et les lacets de ses canaux, diablement sèche et pierreuse. Et puis, malgré les critiques ça et là sur l'enfer de la mégapole, il faut reconnaître qu'il y a de l'invention dans les bâtiments !

samedi 17 juillet 2010

Des Alpes...


dimanche 4 juillet

Céline, Émilie et moi sommes partis grimper la voie normale de la Dent du Géant (4013m). Quelques Italiens malades devant nous, les prévisions d'un temps instable et orageux en fin de matinée et pour finir la grêle au dernier relais nous empêcherons d'arriver au sommet. Mais nous sommes passés en libre et la barre des 4000 mètres est atteinte !
La descente sera assez pittoresque, un mousqueton à vis qui bloque m'obligera à remonter délivrer Céline, mais la corde ne se coincera pas et on atteindra finalement le refuge juste à temps pour la dernière benne. Chapeau à Emilie pour la pêche et son entrain dans la remontée au refuge !
Belle expé, temps magnifique le matin, et rocher à la couleur et au grain exceptionnels. A refaire !