Le festival national altaien El-Oyin (jeux populaires) s’est
tenu du 29 juin au 1er juillet à Elo, petite localité rurale du
district d’Ongudaï.
Etablie en 1988, cette fête de trois jours ayant lieu tous
les deux ans avait pour habitude de se dérouler chaque fois dans un district
différent. Cependant, du fait des distances que les ensembles locaux avaient à
parcourir (dans des conditions pas toujours sympathiques, les routes étant mal
souvent pas goudronnées, et les bus poussiéreux), il fut décidé de la maintenir
sur le site précité. Ce qui, selon les dires de personnalités du gouvernement,
n’est pas sans entraîner le mécontentement de la population locale et une moindre
fréquentation de la manifestation. D’une part, le public se lasserait du lieu,
beaucoup de personnes m’ont en effet affirmé qu’elles ne souhaitaient plus
revoir toujours le même site, d’autres m’ont plus tard déclaré ne pas s’être déplacées
pour cette même raison, l’absence de nouveauté. D’autre part, le site est
partagé en deux par la présence d’une montagne en son centre. De fait, les
compétitions sont situées de part et d’autre de la butte et il est difficile
pour les personnes âgées de franchir le petit col menant aux différentes
scènes.
Enfin, c’est de la population locale que viennent les
plaintes les plus virulentes : le site est couvert de kourganes, les
tumulus hunniques et scythiques. C’est donc sur un cimetière qu’ont lieu les festivités…qui
dérangent ainsi tous les deux ans le sommeil des guerriers défunts et
entraînent leur mécontentement. Celui-ci se manifesterait par un temps
pluvieux, qui malheureusement perdurerait longtemps sur la région après le
festival, ou par des récoltes de piètre qualité. Le gouvernement fait cependant
la sourde oreille quant à ces maux jugés non-fondés.
En ce qui concerne les festivités, comme à l’accoutumée
(pour ceux qui ont déjà parcouru les pages de l’année dernière), les jeux
traditionnels altaïens s’y sont déroulés.
Ainsi, le tir à l’arc, la lutte, la grimpée de cèdre, le
lever de pierre, le fouet (au moyen duquel il faut faire chuter une à une de
petites quilles, habileté et précision sont requises), le lancer de gourdin, la
course à deux (l’un sur le dos de l’autre), le tebek (la petite balle avec
laquelle on doit jongler avec le pied) ont côtoyé la palpitante course de
chevaux ou encore le spectaculaire Keuk-Beuru (deux équipes de cavaliers se
disputent le cadavre décapité d’une chèvre, un jeu dont l’intelligentsia
altaïenne se plaint de l’importation : il n’aurait rien de
« national »).
Des concours de chants étaient organisés entre les
différents comités des fêtes de chaque district, qui donnèrent à entendre
différentes facettes de l’oralité altaïenne : des groupes de femmes se
lancèrent dans des chants lancinants manifestant la nostalgie de la patrie (le
chant « Tianar », également verbe signifiant « rentrer à la
maison »), des joutes verbales, des virelangues, des devinettes, , des
berceuses. La plus belle série de toutes ces oralités, associée à une
chorégraphie de qualité du chant Tianar permettra à toute l’équipe d’Ongudaï de
remporter la victoire.
D’autre part, les comités des fêtes concouraient également
pour la plus belle « décoration » d’intérieur d’un habitat
traditionnel : la description du lieu devenant alors exhaustive, je
renvoie à la photographie pour que les lecteurs s’en fassent une idée.
Chaque district de la République est donc appelé à concourir et à
présenter ses meilleurs cavaliers, lutteurs, tireurs, chanteurs, costauds. J’ai
pour ma part passé l’après-midi entière à écouter les chanteurs de gorge et
leurs vocalises, ce qui n’est pas sans rappeler les déboires d’Assurancetourix
avec le climat…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire