dimanche 13 mars 2011

Sansalar

Cette année, il y a sécession au sein des Altaïens païens habitants la steppe d’Ere-Tchouï, la région de Kosh-Agash : un jeune chamane se propose de conduire la cérémonie religieuse du Tchaga-Baïram dans un autre lieu que celui où elle se déroule habituellement, échappant également de ce fait à la traditionnelle direction d’une chamane âgée.
Malgré la rencontre étrange avec ce jeune neme biler kiji, j’aurais quand même le droit d’assister et de filmer le san, cérémonie destinée à s’assurer la bienveillance de l’esprit de l’Altaï en lui offrant de la nourriture. Cette cérémonie se déroule selon un principe équivalent à celle décrite précédemment chez les bouddhistes : la nourriture est de même facture, également versée sur un foyer, et des libations de lait sont faîtes aux points cardinaux, le tout face à la montagne sacrée.
Rendez-vous est donc pris à 6h du matin le lendemain matin.
L’aube est fraîche dans la steppe de Kosh-Agash (comme les journées, soit dit en passant !) : il ne fait pas loin de -35°C, les quelques personnes présentes au rendez-vous sont des hommes, tous emmitouflés sous de lourdes vestes.
Nous partons en voiture à travers la steppe pour rejoindre le lieu du rituel. A travers la vitre gelée, je devine le soleil qui se lève derrière les montagnes. Il est encore du côté mongol, mais le rougeoiement du ciel indique sa proche présence.
Parvenus au terme de notre périple motorisé, nous sommes assaillis par le silence. Pas de vent, un froid glacial, du blanc à perte de vue et la sensation d’être loin de tout.
Nous entamons le rituel : un cheminement avec trois étapes : la première consiste à attacher des rubans blancs à un arbre. La seconde, à une corde reliant deux arbres. La troisième étape est l’invocation de l’esprit de l’Altaï par le chamane, son nourrissement par le biais du feu et des libations.
Enfin, le chamane reste seul pour renvoyer l’esprit et s’assurer de sa satisfaction. C’est à ce moment qu’il fera usage de son tambour.
Nous regagnons les véhicules, repartons pour Ortolyk où le chamane nous offrira le déjeuner. Chez lui, la table est richement garnie : mets altaïens de toute sorte, mouton bouilli, Araki (la boisson nationale : lait de vache fermenté, délicieux, mais traître : à l’instant du départ, nos jambes ne nous obéissent plus !).

Un petit mot sur la steppe de Kosh-Agash :
Ce n’est pas l’Arctique, mais on s’en rapproche. Ce territoire est considéré, de par les températures qui y règnent, inhabituellement basses pour le sud sibérien, comme faisant partie des zones septentrionales. Ses habitants bénéficient donc à ce titre d’avantages non négligeables au regard du reste de la population de la République (aide à l’achat de bois de chauffe, retraite anticipée, etc…).
Ici, rien ne pousse, l’herbe ne pousse en été que de quelques centimètres, les températures nocturnes étant souvent négatives. Par contre, l’herbe est salée, concentrée en vitamines. La viande de la région est ainsi considérée comme l’une des meilleures de Russie.

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